jeudi 16 décembre 2010

Système de santé

Réagissez à l'article Au pays des autruches

En 1960, au Québec, la société sortait de la « grande noirceur » et, dans le domaine de la santé, on était au Moyen Âge. Pas si loin du temps de Molière! L'enseignement médical était empirique, donné par un médecin dominant et tyrannique. C'était le « crois ou meurs ». La médecine possédait peu de science et profitait peu de connaissances nouvelles.

Les médecins des années 60 n'avaient que leurs yeux, leurs oreilles, leurs mains, leurs doigts et leur « matière grise » pour faire un diagnostic. Ils le faisaient, parce qu'ils avaient été formés pour le faire. Maintenant, ils ont perdu ce sens clinique et utilisent presque exclusivement les examens radiologiques pour faire leur diagnostic.

Entre 1960 et 1970, le Québec médical s'est ouvert sur le monde. Des médecins partis étudier à l'extérieur sont revenus d'Europe et des États-Unis, instruits et enthousiastes de pouvoir transmettre leurs nouvelles connaissances aux plus jeunes. Ils étaient généreux et dévoués. Mais, c'était avant l'Assurance-maladie...

Peu à peu, la technologie et la science sont venues assister le médecin. C'était l'euphorie! Avec l'instauration de l'endoscopie, l'échogra-phie, la tomographie axiale (cat scan), la résonance magnétique (récemment), un progrès phénoménal se manifesta en anesthésie, en chirurgie et dans plusieurs autres disciplines médicales.

De Mc Gill, je suis arrivé à Cowansville (Hôpital BMP) en 1976 où j'ai pratiqué de 1976 à 2002. J'étais impressionné par la qualité des soins et surtout par ses infirmières si dévouées. Dans les grands hôpitaux de Montréal, on démontrait déjà moins d'empa-thie. C'était le combat des syndicats qui se faisait aux dépens des patients. Au début, des amis médecins spécialistes de Mc Gill sont venus soutenir l'équipe de BMP. Avec l'aide de quelques autres médecins de BMP, l'hôpital a pu recruter un anesthésiste très compétent. Ensuite se sont greffées l'orthopédie, l'ophtalmologie, la radiologie, l'oncologie, la médecine interne…

Ainsi, s'est développé un petit hôpital extraordinaire et reconnu de tous.

Depuis quelque temps, il y a moins d'enthou-siasme, un signe de notre époque. Dans une société individualiste, les leaders se font plus rares. Les médecins deviennent désabusés, probablement à cause de la bureaucratie d'État. Il a déjà été vrai que le Québec possédait un des meilleurs systèmes de santé au monde! Aujourd'hui, les statistiques le démontrent, il faut attendre en moyenne 16 heures à l'urgence (intolérable?), de un à trois ans pour une opération, et ça coûte de plus en plus cher. La plupart des médecins font penser à des mercenaires stipendiés et beaucoup trop de médecins se fichent du problème du pelletage par l'avant. De fait, ils sont depuis trop longtemps tenus à l'écart des décisions sur le système!

Je réfléchis souvent à ce problème et je ne trouve pas de solution évidente. Cependant, je crois qu'il faudrait former les médecins autrement, en insistant autant sur l'importance de leur jugement que sur l'utilisation de leur savoir. Il faudrait ajouter des cours de philosophie et de logique au curriculum. Ainsi, il serait possible de développer les facultés mentales nécessaires pour réaliser des diagnostics crédibles et rapides. On entend trop souvent des patients raconter des histoires incroyables sur le temps écoulé avant le diagnostic. Je dis souvent, en blague, que si les nouveaux médecins étaient des détectives, ils trouveraient rarement le coupable! Jadis, les médecins recevaient une formation classique qui donnait une culture générale. Il est urgent de revenir à une formule semblable.

Ensuite, il faut absolument, et dès maintenant, permettre au médecin d'exercer ses fonctions à la fois dans la pratique privée et publique (PPP). Afin de pouvoir maintenir une bonne évolution des soins au Québec, la médecine actuelle devrait pouvoir se comparer à une autre médecine comme cela se fait dans le domaine de l'éducation et en Europe. Actuellement, la médecine subit une socialisation à outrance.

Le temps presse d'agir, avant que les meilleures ressources humaines ne disparaissent à jamais. Combien des meilleurs médecins et infirmières quittent la Belle Province. Les vieux cliniciens sont en voie d'extinction. Il faut éviter de retourner au Moyen Âge.

Peut-être que les ordinateurs sauront un jour remplacer les médecins. Peut-être le feront-ils sans faire autant d'erreurs, avec beaucoup plus de rapidité, mais sans plus d'âme que les médecins actuels. Nos infirmières sont bien formées et ce sont elles qui compensent pour la faiblesse du système actuel.

La médecine écope du problème d'une société infantilisée. Commençons par se sortir la tête du sable et admettre que les soins de santé sont très déficients à plusieurs égards et qu'ils sont dispensés à un coût totalement prohibitif et scandaleux. Tant qu'à investir, vaudrait mieux investir dans un virage véritable… parce que le Québec ne possède plus le meilleur système de médecine au monde ni les patients les plus éduqués.Jean-Guy Beaudoin

NDLR
Ce texte du Dr Jean-Guy Beaudoin relate des faits et des opinions. L'article a été publié pour soulever des échanges constructifs en vue de cerner les anomalies entourant le système de santé et le futur de l'hôpital Brome-Missisquoi Perkins.

vendredi 6 novembre 2009

Le Tour à tour

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Comme le journal imprimé ne paraît qu'au trois mois, ce blog permettra de diffuser des nouvelles importantes de temps à autres.
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Denis Boulanger